Il va sans dire que le scénario reproduit ci-dessous
est protégé par les lois en vigueur, toute reproduction, même partielle, à des
fins commerciales, sans l’accord express de son auteur fera l’objet de
poursuites.
Alerte Rouge
1: Hall central de l’aéroport
Dans un
magasin de journaux, la main d’un homme, avec alliance, feuillette les titres
de divers journaux. Elle passe rapidement sur les premiers. A la une d’un
hebdomadaire: « La fin de la crise? », avec la photo d’un enfant
dépenaillé mais avec une esquisse de sourire. A la une d’un quotidien:
« Le petit prince doit être généreux! », en sous-titre « Un
visiteur inespéré! », photo truquée de William, entouré de sacs de billets
de banque. La main de l’homme s’arrête sur la une d’un hebdomadaire à scandale:
« La femme alcoolique du Ministre de l’Intérieur joue les
Castafiores! », avec une photo, on y voit une femme, environ 45 ans, bien
en chair, l’air fatigué et visiblement saoule, montée sur une table,
apparemment en train de danser et à coté en médaillon, François l’air attristé.
L’homme qui
feuillette est de dos, c’est un homme corpulent d’une
cinquantaine d’années, l’air pas encore bien réveillé, les cheveux poivre et
sel ébouriffés, très élégant, dans un habit officiel (costume 3 pièces, beige,
pochette blanche, rosette bleue et rouge), Charles. Un autre homme d’une quarantaine d’années, brun, très bien
coiffé, en costume trois pièces, anthracite, pochette gris clair, lunette sans
monture, François, s’approche de lui.
François (Appelant Charles): Monsieur le Président! Monsieur le Président. (Lui tapant sur l’épaule) Charles,
c’est l’heure.
Charles (Baillant): Déjà!
2: Hall des arrivées Int Jour
On entend
l’hymne de la monarchie.
Venant d’une
porte donnant sur l’extérieur, le Premier Ministre, un vieillard de 90 ans,
gâteux, en costume sombre et chapeau haut de forme, avachi plus qu’assis dans
un fauteuil roulant, fauteuil poussé par un infirmier. Il passe sous une haie
d’honneur de soldats républicains, et arrive avec un tapis rouge au niveau de
Charles et François.
Charles (Baillant encore un peu, s’avançant et prêt à serrer la main): C’est un honneur et un
plaisir, monsieur le Premier Ministre de vous accueillir pour la première fois
dans notre modeste République Démocratique.
L’infirmier: N’insistez pas, il est endormi depuis le départ. Il n’a plus que
quelques minutes de lucidité par jour.
Charles: Ca commence bien! Enfin avec lui (Regard
chargé de reproches à François), on va pouvoir se reposer.
3: Limousine
Int Jour
Le Premier
Ministre et le Président sont assis côte à côte, François est en face d’eux. Le
Premier Ministre se réveille.
Charles: Monsieur le Premier Ministre bienvenue dans notre modeste République
Démocratique.
Henry:
Sachez tout d’abord, monsieur le Président que je viens ici forcé par mon jeune
souverain et par l’opinion publique de mon pays que vos médias ont su émouvoir.
François (Gêné): Je vous expose le programme de la visite monsieur le Premier Ministre?
Henry:
Si vous voulez, mais finissons en rapidement avec les mondanités, nous n’avons
que deux heures pour préparer la visite de son altesse et j’aimerais aller me
reposer à mon ambassade au moins une demie heure. Vous savez, jeune homme, à mon âge tout voyage est un calvaire.
François: Bien, je ferais court alors. (
Henry regarde distraitement par la fenêtre) Nous avons prévu de commencer
la visite d’état de son altesse royale par...
Henry (Très choqué, vissé à la fenêtre): Arrêtez la voiture.
François: Pardon monsieur.
Henry:
Arrêtez la voiture immédiatement.
4: Autoroute
Ext Jour
Vue
d’hélicoptère de la voiture s’arrêtant sur l’autoroute, elle freine et fait un
dérapage.
Henry ouvre la
porte et se penche dehors, Charles fait de même et François sort.
François: Qu’y a t’il votre excellence?
Henry (montrant un réverbère avec un drapeau, moitié bleu, moitié
rouge):
Jeune homme, qu’est ce que c’est que cela?
Plan général.
François: Le drapeau de notre pays, monsieur.
Henry (Se prenant la gorge): Ah! Non ce n’est pas possible.
Charles: Comment cela, monsieur?
Henry:
Ce n’est pas possible. (Prêt de
s’évanouir).
François (Très prévenant, venant se
mettre à coté de lui): Qu’y a t’il monsieur?
Henry (Désespéré, regardant François): Vous savez, quelle est la
situation de mon pays.
Charles (Venant s’immiscer entre les deux): Comment cela?
Henry:
Vous savez dans quelles conditions, notre jeune souverain a été amené à régner?
François: Vous voulez parler de l’assassinat de ses parents.
Henry:
Oui. Vous savez qu’il y a deux ans notre bien aimé souverain Charles et sa
femme Diana ont été sauvagement assassinés alors qu’ils se trouvaient dans leur
résidence de Bloodfield.
François: Oui, je me le rappelle.
Henry:
Vous vous rappelez sans doute aussi, qu’on n'a trouvé aucune trace du meurtrier
(Déglutissant). On sait seulement
que l’odieux crime s’est passé pendant la nuit. Personne n’a rien entendu et au
matin notre jeune Prince a trouvé les corps de ses parents (Très ému) horriblement mutilés et baignant dans leur sang.
Charles: Quelle horreur!
Henry:
Imaginez ce sang rouge envahissant la chambre, imbibant le tapis, dégoulinant
de leurs vêtements. Ca traumatiserait n’importe qui (Déglutissant), alors pensez à un enfant de 4 ans. Depuis ce jour
tragique, les psychiatres ont interdit à quiconque de montrer au jeune Prince,
un objet de couleur rouge.
François: Aïe!
Henry:
Désormais dans notre pays, plus rien (Marquant
cela d’un geste) n’est rouge. Nous avons même changé les couleurs de notre
drapeau, alors que la part de rouge était minime. Alors pensez à l’effet (Regard vers le drapeau) du votre, à
demi rouge sur notre jeune Prince (Reprenant
son souffle et réfléchissant). Donnez moi un téléphone.
Charles: Que voulez-vous faire?
Henry:
Que croyez-vous, je veux protéger mon souverain. J’annule la visite.
Charles (A François, à l’oreille): Empêche le de le faire.
François: Ecoutez monsieur, cette visite est capitale pour notre pays.
Henry (Composant le numéro sur le téléphone): Ce sera pour une autre
fois.
François: Pour quand?
Henry (Composant toujours): Pour quand vous aurez changé la couleur de votre
drapeau.
François: Ca prendra des mois, il faut un changement de constitution.
Henry (Regard François): Tant pis pour vous.
Charles (A François, à l’oreille)(Jubilant): Tu n’as même pas dix
secondes pour trouver une idée.
Henry (Au téléphone): Allô, Camilla, c’est Sir Henry, passez moi le
conseiller privé du Prince.
François (Prenant Henry par le bras): Non! N’annulez pas.
Henry: (Regard François) Il est hors de question que le Prince vienne dans
ses conditions. (Au téléphone)
James, c’est Henry, nous avons un gros problème, il faut absolument...
François (Serrant le bras d’Henry): Ecoutez je vous promets que d’ici jusqu’à ce
que le Prince arrive, il n’y paraîtra plus. Nous allons enlever les drapeaux,
refaire l’itinéraire, interdire le rouge. Je vous jure qu’aucun rouge
disgracieux ne viendra encombrer les yeux du Prince.
Henry (Regard François): Le jurez-vous sur votre vie?
Charles: Il le jure!
Henry (Au téléphone): James, plus de problèmes, nous vous attendons pour
midi pile (Il raccroche).
5: Autoroute
Ext Jour
François,
Charles, une assistante (30 ans, cheveux châtains, 1m70, fine et belle, en robe
gilet courte anthracite, avec un stylo et un carnet dans la main et une
oreillette dans l’oreille), deux policiers et deux généraux regardent une carte
du parcours, étalée sur le coffre de la limousine.
François: Messieurs, il est 10h26, le Prince arrive à 12h très précise, il nous
reste donc exactement 1h34 pour faire disparaître tout le rouge. Nom de code de
l’opération: ( Il commence à l’écrire
sur un côté de la carte au feutre rouge, puis se reprend, change de stylo, en
prend un bleu et écrit en repassant sur les lettres en rouge) Alerte Rouge.
Messieurs nous avons besoin de toutes les forces disponibles. (Se retournant vers Charles) J’espère
avoir votre soutien total monsieur le Président ?
Charles: Si tu réussis, tu l’as.
François: (Mal à l’aise) Bien. Messieurs voici le trajet que doit emprunter
le convoi officiel. Ce tracé
délimite la zone sensible dans laquelle, il faut systématiquement éliminer tout
le rouge. (Il montre le trajet avec son
doigt sur la carte) Départ de l’aéroport. De là, jusqu’à la sortie de
l’autoroute, il y a environ tous les dix mètres un lampadaire auquel est
accroché un drapeau, ce qui nous fait...
Assistante: 5 kilomètres de route, fois 100, le nombre de drapeaux au kilomètre, 500
drapeaux.
Charles (Estomaqué): 500!
François (Se retournant vers un des généraux, militaire type, 50 ans,
bourru, carré): Général Dugerand vous disposez de combien d’hommes?
Dugerand: Une cinquantaine, monsieur le Ministre.
François: Vous pensez que vos hommes peuvent avoir tout enlever d’ici une heure?
Dugerand: Si on s'y met tout de suite et avec assez d’échelles c’est possible.
François: Bien je vous trouve le matériel, en attendant filez avec vos hommes à
l’aéroport. Là bas vous enlevez les décorations et vous mettez le personnel à
contribution pour en refaire d’autres. Sans rouge surtout! Compris, Dugerand?
Dugerand: Compris, monsieur le Ministre. (Il
part)
François: Bien, nous autres en route pour le reste du parcours, le bidonville
nord. En attendant monsieur le Président ce serait bien que vous accompagniez
Sir Henry à son ambassade pour qu’il se repose.
Charles: Comme tu veux François. Bonne chance!
6 Autoroute
Ext Jour
Vue
d’hélicoptère. La limousine roule sur l’autoroute suivi d’un pick-up militaire,
avec au volant un militaire, à sa droite un capitaine d’infanterie, et à
l’arrière, debout prenant le vent, François, l’assistante et le deuxième
Général. Arrivée à une bretelle de sortie la limousine continue sur
l’autoroute, le pick-up prend la sortie.
7 Bidonville
Ext Jour
Le pick-up
arrive dans un bidonville, pas un vrai bidonville mais un quartier d’immeubles
délabrés de cinq étages maximum, la saleté règne, avec pleins de voitures
rouges, de magasins rouges, de panneaux rouges. Le pick-up freine violemment et
s’arrête.
François (Sautant hors du pick-up): Nom de dieu!
Assistante (Sautant de même): Et bien, patron, on a un putain de boulot.
François (Se retournant vers le capitaine, 35 ans, bel homme): Capitaine, faites moi
évacuer tout ce qui est rouge et qui peut bouger, faites aussi interdire le
port des vêtements rouges, qu’une voiture passe en diffusant un avis à la
population.
Capitaine: Et pour ce qui ne peut pas bouger?
François (Irrité): Faites déjà ça, on verra après pour le reste. (Le pick-up part) (A l’assistante) Monica, renseignez-vous pour
essayer de savoir le nombre de magasins rouges, de panneaux rouges, de
publicités rouges etc..
Monica:
Bien, patron.
Monica va pour
partir, mais reçoit un message dans son oreillette, elle met la main sur
l’oreille et sort un téléphone portable d’une poche.
Monica (Tendant le portable): Patron, téléphone! Dugerand.
François: Hé bien, Général, en avez vous fini avec l’aéroport?
Dugerand (Off): Oui, oui on s’en occupe de l’aéroport, mais...
François: Mais quoi?
8: Pont sur l’autoroute Ext Jour
Dugerand cadré
de très près.
Dugerand: On a gros problème sur l’autoroute!
François (Off): Quel problème?
Le cadre se
desserre, Dugerand est sur un pont au-dessus de l’autoroute avec un trafic très
dense.
Dugerand (Montrant l’autoroute): La circulation!
9: Bidonville Ext
Jour
François: On s’en fout, interrompez là!
Dugerand (Off): Plus facile à dire qu’à faire, c’est le jour des grands départs en
vacances!
François: Vous êtes des militaires, quand même. Vous êtes habitués à vous battre
contre des hommes armés jusqu’aux dents, des terroristes, des criminels de
guerre, des salopards. Contre des pères de famille vous devriez y arriver.
Dugerand (Off): Oui, mais après, quand on aura enlevé les drapeaux, il y a plein de
voitures rouges dans le trafic.
François: Et alors, vous n’avez qu’à interdire le trafic jusqu’à ce que le
convoi soit passé. Ou bien, vous pouvez seulement interdire le passage des
voitures rouges. Mais je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure solution, on
va encore vous accuser de faire la chasse au rouge. Allez, au boulot mon
Général. (Il raccroche le téléphone)
François (Calme): Monica, vous avez les chiffres que je vous ai demandés?
Monica:
Ils arrivent à l’instant patron. Alors, Il y a jusqu’au bout de la rue... 188
objets rouges de diverses tailles.
François: Ce qui fait une surface de?
Monica: (Après un temps) 400m carré.
François: Monica, voyez combien ça fait de pots de peinture. Général Thépar,
rassemblez vos hommes.
Thépar (50 ans, bien conservé, énergique): Bien monsieur le Ministre.
François (Plaisantant): Aujourd’hui corvée de peinture.
Monica (L’interpellant): François!
François (Etonné): Oui!
Monica:
Ca fait un peu moins de 27 pots de 15L. Mieux vaut une couleur foncée pour
éviter une deuxième couche, il y a un magasin de bricolage à 200m d’ici qui
vend un bleu marine qui doit pouvoir faire l’affaire.
François: Merci Monica, vous êtes magnifique (Il l’embrasse sur la joue).
Monica (Souriant): Merci.
Thépar (Embarrassé): Et pour ce qui est des feux rouges, monsieur le
Ministre, qu’est-ce qu’on fait.
François: Débrouillez-vous pour installer
un axe vert. De la sortie de l’autoroute au Palais, le convoi doit filer sans
un seul feu rouge.
Thépar: Bien monsieur. (Réfléchissant)
Mais monsieur, si les feux sont verts pour les voitures, alors ils sont rouges
pour les piétons, donc le Prince risque de les voir.
François: Vous avez raison. (Réfléchissant)
Alors débrouillez-vous pour que les feux soient verts pour les voitures et pour
les piétons, tout en empêchant des accidents. Compris, Général?
Thépar (Gêné): Cinq sur cinq monsieur le Ministre.
François: Alors, au travail, Général! (A
Monica) On en a fini pour ici.
Monica:
Oui. Ah, non! Il reste les drapeaux sur les lampadaires.
François: (Réfléchissant) Heu!
Appelle une compagnie en renfort.
Monica:
OK.
François: C’est bon, sinon.
Monica:
Oui.
François: Sûr?
Monica:
Oui!
François: En route, alors.
10: Bidonville
Ext Jour
Une limousine plus petite avec toit
ouvrant roule à travers le bidonville. Le buste sorti prenant le vent et le
soleil, François qui ne porte plus sa veste et Monica.
François (Vers l’intérieur de la limousine): Jacques, mets nous la
radio.
On entend une
musique: Via con me de Paolo Conte, après l’introduction musicale.
Vue d’arrière
de la limousine: François et Monica de dos.
Vue sur la
rue: Des soldats en tenue de camouflage peignent la façade d’un magasin en
sifflotant, dans une ambiance de franche camaraderie; un tagueur tague un
panneau stop sous l’œil approbateur et bienveillant d’un policier.
Pendant le
refrain, vue avant de la limousine: François et Monica prennent le soleil,
Monica ferme les yeux, François la regarde du coin de l’œil, puis François
regarde la route et Monica le regarde du coin de l’œil. Ils se regardent et se
sourient.
Vue sur la
rue: Des policiers font reculer une voiture rouge, avec force gestes et
invectives, la voiture avançant et reculant; un soldat peint une poubelle,
comme un grand peintre peindrait un tableau, l’air très inspiré.
Pendant le
refrain, vue avant de la limousine: François et Monica qui se regardent,
regardent le soleil, se regardent du coin de l’œil, et regardent la rue, un jeu
de regard et de sourires s’instaure entre eux, une complicité naissante.
Pendant le
solo de trompette, vue de haut sur la limousine qui roule à vive allure dans le
bidonville.
Vue sur la
rue: un policier parlemente avec une femme, la supplie, à genoux presque, pour
qu’elle enlève son immense chapeau rouge; un soldat essaye d’enlever un drapeau
d’un lampadaire, sans échelle comme sur un mat de cocagne, il glisse.
Pendant le
refrain: François et Monica de plus en plus complices, s’échangent des sourires
et des regards équivoques.
Vue de
l’arrière sur la limousine, en amorce François et Monica, la rue qui défile,
des problèmes de circulation qui se créent du fait des feux rouges, doublement
verts, un immeuble rouge brique qui se profile à l’horizon. La voiture
s’approche de l’immeuble. François a posé une main sur les épaules de
Monica.
François (Criant): Jacques, arrête la voiture.
La musique
s’arrête.
11: Hôpital
Est Ext Jour
En plongée depuis
l’immeuble, la voiture s’arrête net devant l’immeuble, on reconnaît un hôpital.
Vue en contre
plongée, sur l’hôpital, qui parait à travers les fenêtres sans activité.
François (Off): Si on le bâchait?
Un conseiller (45 ans)(Ironique)(Off): Oui! Bien sûr! Si vous me
trouvez une bâche de plus de 3000 mètres carrés dans cinq jours s’est fait!
François (Off): Et un Canadair qui balancerait de la peinture dessus?
Un conseiller (Ironique)(Off): Oui, pourquoi pas! Ou alors un bon paquet de
dynamite, tout saute et on en parle plus!
Vue en plongée
(plus basse) sur François qui ne porte plus son gilet et qui a remonté les
manches de sa chemise au-dessus des coudes et Monica.
François ( Montant dans la voiture): Bon, on remonte la rue et on change de
parcours!
Monica (Regardant sa montre): Vu le temps qui reste, on le raccourcit aussi. (Elle monte dans la voiture)
12: Rue de
l’hôpital Ext Jour
La limousine
fait marche arrière à vive allure. François et Monica ont le buste sorti par le
toit ouvrant. François regarde la route derrière lui.
François: Jacques! Stop! A gauche!
13: Rue de
La Fontaine Ext Jour
La limousine
s’engage à gauche, en marche avant. C’est une petite rue, un panneau indique
Rue de La Fontaine, en sens unique, assez animée.
François (A Monica): Dis au Général de s’occuper de cette rue!
Monica
s’exécute, la limousine avance dans la rue et passe deux intersections.
Monica (Criant): Attention devant!
La voiture
freine violemment.
François (Interloqué): Quoi!
Monica montre un
magasin avec une enseigne rouge.
François: Et alors, on le peint!
Monica (Regardant sa montre): Plus le temps, il est 11h 25!
François: OK! Jacques, on recule!
La limousine
recule, non sans mal à cause des quelques voitures derrière elle qui doivent
reculer aussi, la limousine et aidé dans sa tâche par un motard, la limousine
klaxonne, les voitures derrières aussi, certains chauffeurs gueulent à leur
fenêtre, sous le regard amusé ou interloqué des passants. Tout cela, jusqu’à la
dernière intersection un carrefour avec un rond point et une fontaine. Rond
point pris en marche arrière par la limousine et les autres voitures. Arrivé
avant l’intersection, la limousine stoppe. Sous les klaxonnes des voitures
derrières.
Jacques: Droite ou gauche!
François: Droite!
Monica (En même temps que François): Gauche!
Les deux se
regardent, se sourient, s’amusant de leur spontanéité et se reprennent, en même
temps.
François: Gauche!
Monica:
Droite!
Ils se
regardent en riant.
Jacques (Off): Décidez-vous les enfants!
François et
Monica se regardent, François lui sourit amoureusement.
François: A toi!
Monica (Lui rendant son sourire): Droite!
La limousine
tourne à droite, au grand soulagement des voitures derrières.
14: Rue de
la Place Rouge Ext Jour
Alors que la
limousine s’avance dans la rue, François et Monica aperçoivent le panneau
annonçant le nom de la rue, ils se regardent amusés.
Monica:
Tu crois que...
François: C’est pas grave, c’est juste écrit!
La limousine
roule et au bout de quelques mètres, on aperçoit un bâtiment rouge, situé une
vingtaine de mètres, après une intersection sur la gauche.
François (Apercevant le bâtiment): Et merde!
Monica:
Jacques, prends la route de gauche.
La limousine
tourne à gauche.
15: Rue du
Touche-au-but Ext Jour
La limousine
roule, c’est une route en demi-cercle, après un croisement, au loin un bâtiment rouge.
Monica:
A gauche!
La limousine
prend la route de gauche et au bout de la rue, prend à droite sur une rue qui s’ouvre.
16: Rue de La Fontaine Ext Jour
La limousine
roule. Jacques rigole.
François (A Jacques): Quoi?
Jacques: Retourne toi!
François et
Monica se retournent et l’on découvre avec eux, la fontaine à 50 mètres
derrière eux. Ils rient, se regardent et s’embrassent.
La limousine
avance, rapidement, tout droit jusqu’à une avenue et tourne à gauche.
17: Rues de la Capitale Ext Jour
La limousine
prend l’avenue qui mène à une avenue principale. Après quelques centaines de
mètres, où l’on aperçoit des militaires enlevant les drapeaux, des policiers
refoulant des voitures rouges et une voiture diffusant un message signifiant
l’interdiction de porter du rouge, la limousine s’arrête devant le Palais
Présidentiel.
18: Palais Présidentiel Ext Jour
Le palais est
immense, on voit la façade tout en pierre de taille avec de grandes baies
vitrées et des balcons, un escalier d’une trentaine de marches permet d’accéder
au perron. Perron sur lequel est aménagée une estrade avec un micro.
Des soldats décrochent
le drapeau national accroché au balcon central, reste l’immense drapeau de la
Monarchie Parlementaire.
Vue sur la
limousine qui se gare devant les marches, vue à l’intérieur de la limousine,
François et Monica s’embrasent toujours, ils sont allongés sur le canapé.
Jacques se tourne vers eux.
Jacques: On est arrivé les tourtereaux!
Pas de
réactions.
Jacques: Les enfants, finie la récréation!
François (Emergeant à moitié): Quelle heure est-il?
Jacques (Après avoir regardé l’horloge de la voiture): 11h40.
François et
Monica sursautent.
François et Monica (Affolés): 11h40!
Ils sortent de
la voiture et montent en courant les marches du palais. François remet son
gilet et sa veste. Ils crient.
Monica:
Monsieur le Président!
François: Charles!
Monica:
C’est l’heure!
François: On est en retard!
19: Hall des
arrivées Int Jour
Le Hall est
transformé, au lieu du tapis rouge, un tapis crème, des banderoles d’accueil partout,
on peut lire: « Vive le Prince! », « Vive la Monarchie! »,
« Le Prince est un saint! »,
« Merci pour nos enfants! » Il y a aussi des journalistes de
radio et de télévision, des gens qui attendent l’arrivée. Au même endroit que
tout à l’heure. Charles à coté de Henry, derrière légèrement en retrait,
François, avec Monica derrière lui qui le chatouille.
Charles se
tourne vers François.
Charles: Félicitations François, tu t’es surpassé!
Henry (Se retournant): Attendez que le Prince est fait le chèque avant de
le féliciter.
Charles: Oui, bien sûr! Mais comme vous avez pu en juger, tout le rouge a été
méthodiquement effacé! L’opération est donc, un succès.
Henry (Insistant): Prudence est mère de sûreté. Attendons.
Henry s’étant
retourné et Charles fait discrètement à François un signe de félicitations.
François lui répond, mais en même temps il tente de chasser la main
chatouilleuse de Monica. Charles s’aperçoit du manège et est surpris. Il
regarde François et Monica étonné, François baisse les yeux, Monica regarde
Charles droit dans les yeux et prend la main de François. François, gêné, lève
finalement les yeux. Les deux regardent Charles, qui leur envoi une moue
approbatrice.
On entend le
début de l’hymne nationale de la Monarchie. Puis la voix d’un speaker venant
d’un haut-parleur.
Speaker: Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, en raison d’une grève des
contrôleurs aériens, tous les avions subissent actuellement un retard d’une
demie heure. Merci de votre compréhension.
Le tableau et les
écrans annonçant l’arrivée du vol marquent soudain, en rouge, « Vol
retardé ».
Charles: François, c’est quoi cette merde?
François: Je ne sais pas.
Charles: Moi je sais, ça veut dire que la visite est foutue, géniale ton
organisation. Je te garantis que si tu ne me règles pas cela en dix secondes,
tu es viré François, viré. (Comptant
avec ses doigts) Un.
Henry: Je vous avais prévenu!
François (A un garde) : Quelqu’un a
un portable?
Un garde (Sortant un téléphone portable
d’une de ses poches intérieures et l’exhibant): Tenez monsieur, c’est pas
le meilleur modèle, mais il est pas mal.
François (Arrachant le portable des mains): On s’en fout.
Charles: Deux.
François (Essayant de téléphoner): Mais elle n'est pas allumée votre merde.
Le garde (Plaisantant avec ses collègues): Bah, non! Pas pendant le
boulot.
François: Votre code?
Le garde (Plaisantant): C’est personnel.
François: Votre putain de code où vous êtes...
Charles: Trois.
François: Viré.
Le garde: 14/07.
François sort
un calepin d’une poche intérieure et compose un numéro.
Voix au téléphone (Une standardiste)(Off): Allô.
Charles: Quatre.
François: L’aéroport de la Capitale?
Voix (Off): Oui monsieur, vous désirez?
François: La direction de l’aéroport.
Voix (Off): Ca dépend monsieur. Vous venez d’où?
François (Enervé): Non, le bureau du directeur s’il vous plaît.
Charles: Cinq.
Voix (Off): Qui le demande?
François: Le Ministre de l’Intérieur.
Voix (Off): Ah! Bien monsieur le Ministre.
Musique
d’ambiance. François commence à stresser.
Charles: Six.
Directeur (Off): Monsieur le Ministre.
François: Monsieur le directeur, l’avion du Prince de la Monarchie Parlementaire
doit arriver.
Directeur (Off): Oui, monsieur le Ministre.
Charles (Commençant à jubiler): Sept.
François: J’aimerais que cet avion soit classé prioritaire dans l’ordre des
atterrissages.
Directeur (Off): C’est comme cela que nous l’entendions, monsieur le Ministre.
François: Bien, parcequ’en ce moment je suis dans l’enceinte de l’aéroport avec
le Président et le Premier Ministre de la Monarchie et nous attendons. Nous
avons un programme chargé, c’est très important pour notre pays et...
Charles: Huit.
François: Magnez vous le train!
Directeur (Off): Un instant, monsieur le Ministre, je me renseigne.
Charles (Après un instant): Neuf.
François (Stressant et suant): Allô? Y a quelqu’un? Qu’est ce que vous foutez nom
de dieu? Faites attendre les autres avions, je n’en sais rien moi, (Enlevant ces lunettes à cause de la sueur)
mais faites atterrir celui là.
Directeur (Off): Monsieur le Ministre.
François: Oui.
Directeur: Il atterrit.
Charles: Di...
Le tableau et
les écrans de contrôle passent à un affichage
en bleu : « Vol arrivé ».
L’hymne
national retentit de nouveau.
François: Tenez vous prés !
La porte
donnant accès aux avions s’ouvre. Le Prince (un garçon d’environ 8 ans)
s’avance seul sur le tapis crème. Il est habillé d’un costume trois pièces gris
clair, il tient à la main un ours en peluche. Il arrive au niveau de Charles.
Charles (Lui tendant la main): Votre Majesté, c’est un honneur pour notre pays de
vous recevoir.
Le Prince n’a
pas de réaction. Henry s’approche de lui.
Henry (A l’oreille de William): Bonjour votre Majesté. Ce monsieur est le
Président!
William: Ah!
Henry:
Si votre Majesté veut bien lui serrer la main et par la même me confier son
nounours, ce serait très bien.
William: Le nounours ne fait pas très royal, n’est ce pas.
Henry:
Exactement votre Majesté.
William confie
son ours en peluche à Henry et s’approche de Charles.
William (Serrant la main de Charles): Monsieur le Président tout l’honneur est
pour moi.
Tous se
dirigent vers la sortie.
20:
Autoroute Ext Jour
La limousine roule
à vive allure sur l’autoroute, sans aucune circulation. La limousine arrive à
la bretelle de sortie, au loin on aperçoit les voitures retenues par des
militaires débordés.
21:
Limousine Ext Jour
Sur le canapé,
Henry, William et Charles. William s’est endormi sur les genoux d’Henry. Sur le
fauteuil en face, François. Monica s'est retournée pour pouvoir les voir.
Monica:
Comme il est mignon !
François: Quand on pense que d’énormes responsabilités l’attendent.
Charles (Rigolant): Quand on pense que vous avez tout « nettoyé » pour rien !
Henry:
Mieux vaut prévenir que guérir.
22:
Bidonville Ext Jour
La limousine
passe dans le bidonville, beaucoup de monde dans la rue qui font des signes,
crient et agitent des drapeaux de la Monarchie Parlementaire. Devant une
boutique en bleue marine des soldats, tachés de bleu marine font des signes. On
remarque aussi un panneau stop tagué avec devant un tagueur posant son bras sur
un policier.
La limousine
tourne à gauche. La limousine arrive dans la rue de La Fontaine.
23:
Limousine Ext Jour
Monica regarde
la route et voit au loin la fontaine. Elle se retourne vers François, il la
regarde, elle lui sourit, elle fait un signe de tête vers la route, il regarde
la route, il lui sourit, ils s’embrassent.
24: Palais
Présidentiel Ext Jour
La limousine
arrive devant le palais. Beaucoup de monde en bas des marches, quelques hauts
dignitaires en haut.
25:
Limousine Ext Jour
Charles voyant
qu’on arrive regarde François, lui demandant par le regard de faire quelque
chose.
François: Monsieur le Premier Ministre, nous sommes arrivés. (Regardant William endormi) Comment on
fait dans ces cas là ?
Henry:
Je vais le réveiller. (Caressant les cheveux
de William) Votre Majesté, Votre Majesté, nous sommes arrivés. (William bouge un peu) Réveillez-vous,
votre Majesté nous sommes arrivés.
William (Se réveillant): Quoi ? Maman !
Henry (Très ému): Non votre Majesté, c’est Sir Henry. Nous sommes arrivés.
William (Presque réveillé): Arrivés?
Ils sortent de
la limousine.
26: Palais
Présidentiel Ext Jour
Ils montent
les marches jusqu’à l’estrade. Des gardes portent le fauteuil d’Henry. Arrivés
là, ils se retournent et saluent la foule nombreuse qui les acclame.
François
délaisse Monica qu’il tenait discrètement par la main, pour se rapprocher de sa
femme, plutôt vaseuse.
Charles se
rapproche de François.
Charles: C’est quoi le programme?
François: Bouquet de fleurs par une écolière.
Une petite
fille, environ 6 ans, sort du palais, elle est en robe à fleurs roses et bleues
et tient derrière son dos un énorme bouquet de fleurs, on ne le distingue pas
vraiment car elle les cache.
Nous sommes
derrière la petite fille, nous voyons le bouquet, un bouquet d’une trentaine de
pivoines rouges. Elle s’avance doucement, timidement vers François qui lui fait
des signes pour venir et Charles qui lui fait des signes pour qu’elle se
dépêche. Elle avance petit à petit.
Charles: Viens petite, allez, dépêches toi.
Pendant ce
temps le Prince, avec Henry derrière lui, fait des signes à la foule sans
s’apercevoir du manège.
Henry commence
à trouver le temps long et se retourne pour voir ce qui se passe. Il est
terrorisé parce que de son angle de vue, il voit parfaitement le bouquet.
Henry est
tétanisé. La petite fille est à dix mètres du Prince. Charles et François lui
demandent toujours de s’approcher.
Soudain
François, aperçoit lui aussi, le bouquet il va pour se précipiter. Mais Henry
pris de panique, s’étant ressaisi, le
devance et faisant tourner les roues de son fauteuil arrive devant la petite
fille qui n’est plus qu’à quelques mètres du Prince. François dans son élan
manque de percuter le fauteuil roulant. Il l’évite mais manque de tomber sur
les marches.
Tous ces
mouvements ne passent pas inaperçus, le Prince se retourne. Il voit François,
qui se rattrape de justesse, ça le fait sourire.
François: Excusez moi Majesté, la fatigue sans doute.
William: Vous êtes excusé.
William se
tourne vers Henry. Henry cache parfaitement la petite fille et son bouquet,
mais à cause de la peur et de l’effort physique, il a le visage rouge, d’un
rouge bien vif et dégoulinant de sueur. William fixe Henry de son regard.
Charles, François et Monica, surpris par la fixité du regard du Prince se
tourne vers Henry et découvre horrifié la rougeur de son visage. Ils se
retournent vers le Prince, qui s’est mis à dévaler l’escalier en hurlant. Henry
s’est évanouit.
Charles (A François): Ramène le, et calme le. Moi, je m’occupe d’Henry.
Monica (A François): Je viens avec toi.
27: Rue de la Capitale Ext Jour
François et
Monica courent derrière le Prince qui ne cesse de hurler.
A un
croisement, William prend à droite, une rue signalée en sens interdit
François: Merde, il sort de la zone, il va voir rouge.
28: Rue du Calvaire
Ext Jour
William court
en hurlant, arrive à un passage piéton, doublement vert, il va pour traverser,
une Ferrari rouge déboule et stoppe à quelques centimètres de lui. Pendant un
instant, William arrête de crier, puis après avoir vu la voiture, il recommence
de plus belle, et se remet à courir.
Dans sa
course, il bouscule un maraîcher qui transporte une montagne de cageots, les
cageots se renversent déversant des kilos de tomates bien mûres. William
glisse, tombe dans les tomates, se relève hurlant, se remet à courir.
Une dame,
d’une cinquantaine d’années, imposante, est sur le trottoir, William entraîné
par sa course atterrit hurlant dans ses bras. La dame tente de le rassurer.
La dame: Hé bien, mon petit qu’est-ce qu’il y a? Pourquoi cries-tu comme ça?
William se
retourne vers elle, un peu apaisé, mais découvre avec horreur ses lèvres
badigeonnées de rouge à lèvres. Il se met à crier, se défait de l’étreinte et
se remet à courir.
29: Rue du Calvaire
Ext Jour
François et
Monica courent toujours et arrivent au niveau des tomates renversées, François
manque de glisser, mais Monica le rattrape, ils reprennent leur course.
30: Rue du Calvaire
Ext Jour
William passe
en courant devant une cathédrale, d’où sort un mariage, il se précipite à
l’intérieur.
31: Cathédrale
Int Jour
Entré, il se
trouve nez à nez devant un cierge dont des flammes rougeoyantes s’échappent,
dans son affolement William, renverse le cierge, les flammes s’étendent à des
tissus. William court vers l’autel, s’agenouille devant le Christ en pleurant
et commence à prier fébrilement. Des bruits de panique se font entendre à cause
de l’incendie qui se propage. William est absorbé dans sa prière quand un
cardinal, puis un autre, puis un autre, puis un autre sortent de la sacristie,
sur la droite de l’autel. William se lève, les observe quelques secondes, se
relève en hurlant et va pour partir sur la gauche de l’autel, mais aperçoit là
aussi des cardinaux, il se retourne et
commencent à courir jusqu’au milieu de la nef, il se tourne à gauche, des
cardinaux, devant, des cardinaux et les flammes rouges qui se sont propagées.
Sur la droite, rien, il court vers la sortie.
32: Rue du
coupe-gorge Ext Jour
William sorti,
il se tourne vers la gauche, mais un énorme camion de pompiers arrive
flamboyant avec gyrophare et sirène. Alors que le camion va vers la droite,
William y va aussi, entamant une course contre le camion. Alors qu’il court de
toutes ses forces en hurlant toujours, il jette quelques regards affolés vers
le camion qui va aussi vite que lui. Finalement, ils débouchent sur la rue du
Calvaire.
33: Rue du Calvaire
Ext Jour
En débouchant
William fonce dans François qui n’a pas le temps de le rattraper. William prend
sur la gauche, continuant dans la rue et non plus sur le trottoir. Bizarrement pas
de voitures, en fait au bout de quelques mètres, il se trouve nez à nez avec la
tête d’une manifestation de salariés communistes, avec nombreux drapeaux et
banderoles rouges. Il panique et prend une rue sur la droite.
34: Rue du
pousse-au-crime Ext Jour
Il court
quelques dizaines de mètres et essoufflé reprend sa respiration devant la
devanture d’un magasin animalier. Au bout de quelques secondes, il regarde la
vitrine. Dans une cage un rouge-gorge gonfle sa gorge luisante, à coté dans un
aquarium des centaines de poissons rouges. William affolé se remet à courir.
35: Rue du
Calvaire Ext Jour
François et
Monica sont pris dans le flot des manifestants, François tenant Monica par la
main la guide.
36: Rue du
pousse-au-crime Ext Jour
William passe
affolé devant un cinéma montrant une affiche du « Rouge et le noir »,
de « A la poursuite d’octobre rouge », de « L’Auberge
rouge », de « La couleur pourpre », de « Ballon
rouge ». William court et passe devant une agence matrimoniale ayant pour
symbole un immense cœur rouge, devant un marchand de vin ventant photo à
l’appui son meilleur vin rouge, puis sur le coté un camion de don du sang de la
« Croix rouge ».
37: Rue du pousse-au-crime Ext Jour
François et
Monica remontant rapidement la rue n’étant plus très loin de William. Soudain
François s’arrête devant un opticien, il regarde fixement la vitrine, entre
dans la boutique et en ressort poursuivi par le marchand, y ayant dérobé
quelque chose.
38: Rue du pousse-au-crime Ext Jour
William court
et passe devant un marchand de légumes, dans les cageots, des fraises, des
framboises, des haricots rouges, des poivrons, des piments rouges. Il passe
ensuite devant un marchand de fleurs vendant des tulipes, des roses rouges
etc... Puis, il passe devant une publicité pour Coca-Cola. Il est de plus en
plus affolé.
Vision
subjective de William, qui voit tout en rouge (utilisation d’un filtre).
Soudain, François s’approche de William et lui met des lunettes de soleil. La
vision de William se transforme en noir et blanc. François est devant lui, avec
Monica, ils essayent de le calmer.
Monica: Calmez-vous votre Majesté. C’est fini, calmez-vous.
39: Hall central de l’aéroport Int
Jour
La vision
subjective en noir et blanc de William, fait place à la une de journaux, eux
aussi en noir et blanc. A la une d’un quotidien: « Une visite
désastreuse », à la une d’un autre: « Le Ministre de l’intérieur
démissionne et quitte sa femme! » en dessous une photo de François heureux
dans les bras de Monica. A la une d’un troisième: « Les forces militaires
en état d’alerte rouge! ». On s’éloigne des journaux pour découvrir la
main qui les feuilletait, celle d’un jeune soldat en tenue, qui rejoint dans le
hall, des dizaines de ses camarades.
FIN
VLADIMIR PRONIER
Quatrième version, le 6 novembre 1999.
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